Conjoncture : l’inflation en France serait à 7% sans bouclier tarifaire, mais devrait grimper encore pour atteindre 6% cet été

Voit-on déjà le bout du tunnel ? L’inflation pourrait toucher son pic dès cet été en France. Mais toutefois, cela ne veut pas dire que les prix baisseront, ils pourraient reste à ces niveaux élevés, avec une inflation en forte baisse.

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Une inflation encore en hausse en France

Dans son point de conjoncture du 9 mai 2022, l’INSEE estime que l’inflation va continuer de grimper jusqu’au moins à cet été. À l’horizon de la prévision (juin 2022), ces chocs d’offre négatifs continueraient à alimenter l’inflation : le glissement annuel des prix à la consommation se situerait entre 5 et 5 ½ % – il dépasserait 7 % sans les mesures de « bouclier tarifaire » et de « remise à la pompe ». Le PIB ne progresserait que d’environ ¼ % au deuxième trimestre 2022 par rapport au premier. Pour ce qui est de la croissance annuelle, l’acquis à mi-année pour 2022 serait de + 2,6 %, après + 7,0 % sur l’ensemble de 2021.

Prévision de l’inflation en France (c) INSEE

Difficultés d’approvisionnement et hausse des prix de production

Ces difficultés d’approvisionnement, qui s’étaient intensifiées tout au long de l’année 2021, avaient reflué quelque peu au tout début de 2022. Elles se renforcent à nouveau ce printemps, sous l’effet conjugué d’une demande qui est restée forte au niveau mondial et d’une offre bridée notamment par la guerre en Ukraine et par la stratégie très stricte de lutte contre le Covid-19 en Chine. Selon les enquêtes de conjoncture menées en avril par l’Insee auprès des entreprises, 45 % des industriels pointent ainsi des difficultés d’approvisionnement, un niveau équivalent à celui d’octobre dernier, lequel était au plus haut depuis le début de la série (1991). Cette proportion s’élève en avril à 39 % dans le bâtiment, un niveau également inédit dans ce secteur.

Evolution de l’inflation en France en rythme annuel (c) FranceTransactions.com (source données INSEE)

Prix agricoles : +27% en un an

Les prix agricoles à la production ont ainsi connu une accélération spectaculaire en mars, à + 27 % sur un an, avec notamment + 69 % pour les céréales, dans le contexte de la guerre en Ukraine. Les prix de production industriels ont quant à eux augmenté de 24 % sur un an, une hausse tirée en grande partie par l’énergie et la cokéfaction-raffinage ; mais même en retirant ces produits, l’augmentation est tout de même de 11 % sur un an (figure 4). La hausse est un peu plus mesurée pour la construction (+ 5 % sur un an au quatrième trimestre 2021) et les services (+ 3,5 % sur un an, mais + 75 % pour le seul transport maritime et côtier de fret).
Les hausses des prix de production continueraient à se répercuter, en partie, sur les prix à la consommation, alimentant l’inflation totale tout comme l’inflation sous-jacente
Ces vives hausses des prix de production ont d’ores et déjà commencé à se répercuter, certes partiellement et progressivement, sur les prix à la consommation. Ce mouvement se poursuivrait au cours des prochains mois : dans les enquêtes de conjoncture, les soldes d’opinion des entreprises sur l’évolution prévue de leurs prix de vente attestent de ces pressions sous-jacentes.


Le rythme et l’ampleur des hausses de prix à venir restent néanmoins difficiles à prévoir de manière précise dans le contexte actuel. Les évolutions des cours de l’énergie et des matières premières demeurent en effet largement conditionnées par les développements géopolitiques autour de la Russie. L’hypothèse retenue dans ce Point de conjoncture est celle d’une stabilité des cours autour des niveaux mesurés début mai (soit, pour le baril de Brent, 105 $ et 100 €). Par ailleurs, compte tenu de l’ampleur de leur hausse, la vitesse de transmission des prix de production aux prix à la consommation peut éventuellement s’écarter de celle habituellement estimée.

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