Crise de la dette des Etats : pour le FMI, la forte remontée des taux d’intérêt fait craindre une crise financière

C’est au pied du mur que l’on voit mieux le mur. Alors qu’avec des taux négatifs, les Etats surendettés, dont la France, se frottait les mains profitant de cette aubaine, en empruntant largement. Maintenant que les pays sont incapables de rembourser, il faudra de nouveau emprunter pour rembourser ces premiers crédits. Et désormais, avec des taux en forte hausse, cela va rapidement se compliquer...

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"Sur le plan budgétaire, la marge de manœuvre de nombreux pays a déjà été entamée par les dépenses contraintes liées au Covid-19. Les niveaux d’endettement ont considérablement augmenté alors que le soutien budgétaire exceptionnel devrait être retiré en 2022-2023", constate Pierre-Olivier Gourinchas, le directeur de la recherche du FMI, qui craint que "la guerre en Ukraine et la hausse des taux d’intérêt qui se profile à travers Le Monde va encore réduire la capacité budgétaire dans de nombreux pays, en particulier les pays développés et émergents qui importent du pétrole et des produits alimentaires".

Revue à la baisse des prévisions de croissance

Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé, mardi 19 avril, ses prévisions de croissance mondiale à 3,6 % pour 2022, en diminution de 0,8 point par rapport à celles de janvier. Une révision justifiée par la guerre en Ukraine, les sanctions contre la Russie et les confinements mis en œuvre en Chine pour endiguer l’épidémie de Covid-19.

Inflation mondiale en hausse

L’institution sise à Washington anticipe aussi une inflation plus élevée et plus longue que prévu. La guerre en Ukraine va perturber les chaînes d’approvisionnement, à peine remises des désorganisations des deux dernières années liées aux fermetures d’usines, à la hausse du prix du fret maritime et à la congestion des ports. Ces nouvelles perturbations vont surtout affecter le commerce de blé (dont l’Ukraine et la Russie assurent 30 % de l’approvisionnement mondial) comme de maïs, et renchérir le cours des matières premières. « L’ampleur de ces changements dépend non seulement de la baisse des exportations en raison du conflit et des sanctions, mais aussi de l’élasticité de l’offre et de la demande mondiales », analyse le FMI, qui considère que les réserves d’autres pays peuvent être plus facilement utilisées pour le pétrole que pour le gaz.

L’Europe la plus sévèrement impactée

Les pays européens sont parmi les plus touchés par le choc économique de la guerre en Ukraine, en raison de leur proximité : les prix à la consommation devraient y augmenter de 12,6 % en 2022 (et 5,3 % en zone euro), à des niveaux comparables à ceux observés en Amérique du Sud ou au Moyen-Orient, et la hausse du PIB y est fortement revue à la baisse, à 2,8 %, en diminution de 1,1 point par rapport aux prévisions de janvier.

Dettes à taux négatifs... Bientôt la fin !

Avec la remontée des taux d’intérêts, c’est bientôt la fin de l’aubaine des pays vivant outragement à crédits. Le stock mondial de dette à taux négatif est en chute libre. Il est passé de 14.000 milliards en décembre 2021 à seulement 2.700 milliards en mars 2022.

Evolution du taux de la dette française sur 10 ans (OAT TEC 10) (c) FranceTransactions.com

Des Etats surendettés, incapables de rembourser

Ce n’est pas un souci pour un Etat que de ne pas rembourser un crédit. Afin de ne pas faire défaut, il suffit d’emprunter de nouveau afin de rembourser le premier crédit. C’est la notion de dette PERPétuelle. Toutefois, une ombre vient se glisser dans ce tableau idyllique, des finances mal gérées. La hausse des taux d’intérêt pourrait être de plus en plus forte, conduisant les pays concernés dans des situations de défaut de paiement. Le FMI y voit un signe fort de crise financière à venir.

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