Bourse : dégonflement de la bulle financière US, le NASDAQ vacille, les stars d’hier s’écroulent avec la remontée des taux
Plus qu’une prise de bénéfices, il s’agit d’une véritable ré-allocation sectorielle qui s’effectue actuellement avec la remontée des taux américains. Les stars du NASDAQ dérouillent, plus forte baisse de l’indice en deux ans.
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Reculer n’est pas jouer ?
Des prises de bénéfices sur les marchés US hier, mais également sur les cryptos. Si le NASDAQ dévissait de 5%, le Bitcoin a chuté de son côté de près de 8% durant la journée. Le syndrome Netflix marque les esprits, avec sa performance négative de 70% depuis le début d’année. Les autres valeurs chéries des investisseurs avides de gains exponentielles pâtissent également de la fin de l’argent facile. Un retour à la réalité en quelque sorte. Retour vers le futur, la fin des taux cadeaux, la valeur de l’argent revient sur la scène, au moment où l’inflation est galopante avec une probable récession au bout du tunnel. Encore un drôle de scénario, décidemment, que de surprises...
Les taux US à 10 ans en voie de dépasser les 3%. Le seuil des 2% devait être un signe fort de changement de rotation sectoriels pour les investisseurs.
Pib en recul, marché de l’emploi en berne...
Le secteur de l’emploi US faiblit, et après un PIB négatif publié peu avant, cela commence à faire beaucoup de mauvaises nouvelles à intégrer. D’autant plus qu’avec cette remontée des taux d’intérêt, le marché immobilier américain, grimpé sur des sommets, pourrait bien gouter aux joies de la descente en grand huit. La volatilité du marché américain n’ayant pas commune mesure avec celui des marchés européens.
Et pourtant, tout n’est pas si morose...
Optimistes par essence, de nombreux investisseurs voient au travers de ces chutes de bonnes opportunités de revenir sur le marché. D’ailleurs, comme l’indique le courtier Saxo Bank, le marché boursier reste dynamique puisque les opérations sur les petites et moyennes valeurs se multiplient ces dernières semaines (Hiolle Industries, Albioma, Generix Group etc.). Et ce n’est que le début. La baisse des valorisations est propice à ce type d’opérations. Pour l’instant, les fonds ont encore beaucoup de liquidité à investir, surtout les fonds américains (qui profitent souvent du passage du taux de change pour faire leurs emplettes). C’est aussi un bon signal que la bourse de Paris (en l’occurrence Euronext Growth) attire l’intérêt des investisseurs étrangers. Il y a aussi du mouvement de l’autre côté des Pyrénées. Nous avons récemment appris que la Bourse de Madrid pourrait lancer un indice IA (intelligence artificielle) afin d’attirer les entreprises européennes dans le domaine. L’idée serait d’être coté sur le BME Growth (l’équivalent d’Euronext Growth) – un marché qui reste toutefois peu liquide mais qui comporte quelques belles pépites. A suivre.
Hiolle Industries
En bourse, il y a beaucoup d’activités sur les petites et moyennes entreprises. Hiolle Industries fait l’objet d’une OPA à 4,70 euros l’action. La famille veut reprendre la main et sortir le titre du marché (sortie de cotation). L’entreprise est spécialisée dans le transfert industriel, avec plus d’une vingtaine de filiales spécialisées, dont certaines sur le créneau très porteur de la transition énergétique. Il s’agit d’une petite valeur cotée sur Euronext qui a connu un très beau parcours boursier ces dernières années : +32% depuis le début de l’année, +41% sur trois ans et +111% sur dix ans. Comme nous l’indiquions récemment, avec la baisse des valorisations, il faut s’attendre à une hausse des opérations, notamment dans le domaine des fusions et acquisitions. De grosses valorisations comme Ubisoft pourraient en faire les frais (même si le management en place semble plutôt réticent à ce type de perspective).
Fabio Panetta
Il faut sauver le soldat Panetta. Fabio Panetta, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne, est certainement la dernière colombe au sein du Conseil des gouverneurs (en faveur du maintien d’une politique monétaire accommodante). Il s’est inquiété hier que l’économie de la zone euro soit déjà entrée en phase de stagnation et a appelé à attendre la publication des chiffres du PIB en zone euro au deuxième trimestre (le 20 juillet) avant de prendre une décision concernant l’opportunité d’une hausse des taux (une réunion de la banque centrale est prévue le 21 juillet). A l’instar de nombreuses autres banques centrales (Réserve Fédérale américaine, Banque d’Angleterre etc.), la Banque Centrale Européenne va devoir arbitrer entre la hausse durable de l’inflation et les risques baissiers qui s’accroît sur la croissance économique. Mais si l’institution s’en tient strictement à son mandat, elle va logiquement privilégier la lutte contre l’inflation (elle est déjà nettement en retard sur cet aspect).
Hyperinflation en Turquie
A ce niveau on parle d’hyperinflation (lorsque l’inflation en variation annuelle est supérieure à 50%). L’indice des prix à la consommation en Turquie a atteint le chiffre précis de 69,97 sur un an selon la dernière estimation – c’est juste un poil en dessous du niveau de 70% attendu par le consensus. L’inflation sous-jacente (hors produits volatils) est toute aussi élevée, à 52%. La progression de l’inflation ne va pas s’arrêter de sitôt. En effet, l’indice des prix à la production a atteint 122%. Il est évident qu’une partie de cette inflation va être répercutée sur les consommateurs, lorsque c’est possible. Peu de pays font pire que la Turquie (Venezuela et Liban, en particulier). En se basant sur l’évolution des prix sur le marché noir, beaucoup d’économistes estiment que l’inflation réelle est certainement plus élevée (probablement le double du chiffre officiel). En France, la production industrielle a baissé de 0,5% en mars. C’est un autre signal qui semble confirmer, au mieux, le risque de stagnation économique pour le pays.