Le fonds souverain norvĂ©gien a perdu 170 milliards d’euros de valorisation au premier semestre 2022

Ce qui s’appelle glisser au fonds du fjord...
Le fonds souverain norvĂ©gien c’est le fonds de pension des NorvĂ©giens, toute la richesse du pays, issu du pĂ©trole, capitalisĂ© pour tous les habitants. Cet argent investi sur les marchĂ©s financiers internationaux l’est au bĂ©nĂ©fice des gĂ©nĂ©rations futures du pays, quand la manne pĂ©trolière se sera tarie dans quelques dĂ©cennies. C’est le plus grand fonds souverain au monde, d’une valorisation totale de 1.250 milliards d’euros Ă mi-aoĂ»t 2022. Fortement exposĂ© en actions Ă près de 70%, ce fonds a logiquement connu une chute de 14,4 % de sa valorisation au premier semestre 2022. La perte semestrielle la plus importante depuis 2008, soit pas moins de 170 milliards d’euros de dĂ©prĂ©ciation. Mais rien de grave.
Jusqu’Ă 500 milliards d’euros de pertes envisagĂ©es
Nicolai Tangen, le dirigeant du fonds souverain norvĂ©gien , avait mĂŞme averti que le fonds d’investissement Ă©tatique pourrait perdre en plusieurs annĂ©es jusqu’Ă 500 milliards d’euros dans un environnement dĂ©gradĂ©. En six mois, 170 milliards d’euros se sont dĂ©jĂ volatilisĂ©s. Sa perte des 6 premiers mois dĂ©passe l’ensemble des gains rĂ©alisĂ©s en 2021 ( 157 milliards d’euros ). Le rendement du fonds a toutefois moins baissĂ© que son indice de rĂ©fĂ©rence, ce qui lui a fait Ă©conomiser autour de 16 milliards d’euros. Les 272 gĂ©rants, analystes et traders du fonds ont prouvĂ© que contrairement aux critiques, ils n’Ă©taient pas de simples fonctionnaires de la gestion, sans valeur ajoutĂ©e. Leur marge de manĹ“uvre et leur flexibilitĂ© restent nĂ©anmoins limitĂ©es et encadrĂ©es. Les gĂ©rants externes sĂ©lectionnĂ©s par le fonds ont aussi permis d’amortir la chute des marchĂ©s.
Pas de vente à découvert, donc aucun moyen de jouer la baisse des marchés
A la diffĂ©rence du hedge fund (AKO Capital) qu’avait fondĂ© dans la première partie de sa carrière Nicolai Tangen , la vente Ă dĂ©couvert n’est pas autorisĂ©e au fonds pĂ©trolier norvĂ©gien rappelle Les Echos. Elle permet pourtant de limiter les pertes dans les phases de chute des marchĂ©s. La remontĂ©e des taux et la correction des Bourses mondiales pĂ©nalisent ainsi fortement le fonds, qui n’est investi pour l’essentiel que sur deux classes d’actifs, actions et obligations. L’immobilier non cotĂ©, qui offre une protection contre l’inflation, lui a rapportĂ© 7,1 % sur les 6 premiers mois de l’annĂ©e, mais il ne reprĂ©sente que 3 % de ses capitaux.
Si le fonds norvégien vend... Les places financières chutent
La taille de ce fonds est telle, que si le fonds norvégien se met à vendre des titres, afin de réduire ses risques, il pousserait de facto les marchés financiers vers la baisse. Son poids étant élevé (1.5% de toutes les positions mondiales) par rapport aux autres acteurs du marché, chacune de ces décisions influence directement les cours de bourse.
Un fonds investi à près de 70% en actions
Les actions ( 68,5 % de ses actifs ) ont plongĂ© de 17 %. Le secteur qui a subi la plus forte baisse est celui de la technologie (-28 %). Le fonds a Ă©tĂ© pĂ©nalisĂ© par ses investissements massifs dans Meta, Amazon, Apple, Microsoft, Alphabet, Tesla et Netflix . En revanche, les valeurs du secteur pĂ©trole-Ă©nergie (13 %) lui ont permis de gagner de l’argent, notamment au travers des investissements dans Shell et Exxon Mobil.
Près de 28% en obligations
Mais si la hausse des matières premières a dopĂ© ce secteur, elle a aussi alimentĂ© l’inflation et le fort rebond des taux. Sans surprise, le portefeuille obligataire (28,3 % des actifs) du fonds souverain norvĂ©gien a cĂ©dĂ© 9,3 %. Dans sa rĂ©allocation de capitaux, l’investisseur a privilĂ©giĂ© la dette d’Etat amĂ©ricaine (treasuries) et canadienne au dĂ©triment notamment des dettes françaises, italienne et anglaise.
Remontée des cours
Grâce au rebond cet Ă©tĂ© des marchĂ©s boursiers, qui concentrent l’essentiel de ses placements, les actifs du fonds sont de nouveau proches de l’Ă©quilibre Ă la mi-aoĂ»t, Ă 1.250 milliards d’euros, soit trois fois le produit intĂ©rieur brut de la Norvège de 2021.
Nouveau versement de 36 milliards d’euros grâce au pĂ©trole
Cette annĂ©e, grâce Ă l’envolĂ©e des cours du pĂ©trole, le fonds a reçu 36 milliards d’euros de l’Etat norvĂ©gien. Ces liquiditĂ©s supplĂ©mentaires vont lui permettre d’investir progressivement quand les actions chutent, ce qui permettra normalement de profiter davantage des rebonds des marchĂ©s boursiers. Toutes classes d’actifs confondues, les Etats-Unis restent la principale zone d’investissement du fonds avec près de 45 % de ses capitaux. Cette annĂ©e, la France (4,5 % des actifs) a rĂ©trogradĂ© d’une place de la 4e Ă la 5e place au bĂ©nĂ©fice de la Suisse (4,7 %).