Projet de Loi de Finances 2023 : 339 milliards d’euros à dépenser, tout semble prioritaire, même la santé ?

Le projet de Loi de Finances pour 2023 ne se cache pas derrière des improbables réductions des dépenses, il n’en présente aucune. Côté priorité, une surprise, la santé est citée, mais ne bénéficie pourtant que d’une hausse budgétaire réduite à peau de chagrin. Drôle de gestion des priorités.

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Pour 15 milliards de plus

L’éducation, le travail, les solidarités, ainsi que la santé seront des priorités, et c’est bien ainsi ! Le ministre délégué chargé des Comptes publics Gabriel Attal a révélé ce lundi 8 août 2022 dans le quotidien Les Echos les premiers arbitrages du gouvernement sur le budget 2023. «  Il y aura trois blocs prioritaires, correspondant aux trois « moteurs » essentiels du quinquennat : la formation et l’emploi, le pôle régalien et la transition écologique. Les crédits du premier bloc concernant l’Éducation, le Travail et les Solidarités progresseront de 12,5 milliards d’euros, soit une hausse inédite de 11,4 %  », a détaillé l’ancien porte-parole du gouvernement. Gabriel Attal a même employé le qualificatif d’« historique » pour décrire la hausse de 3,6 milliards accordée à l’éducation.

Un budget 2023 total de 339 milliards d’euros

« Les budgets de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères augmenteront globalement de 6,1 milliards  », a-t-il également annoncé. La santé sera prioritaire et notamment l’hôpital, a-t-il promis, alors que les établissements hospitaliers traversent une crise très importante cet été. Enfin, le budget sur la transition écologique augmentera de 3,3 milliards d’euros, notamment pour favoriser la rénovation énergétique des logements.

La santé, une priorité ? Vraiment ?

Cela tient du gag. En France, l’on a du mal à comprendre. Alors que l’hôpital est à bout de souffle, et que la Santé est confirmée par le gouvernement comme étant une priorité majeure, le budget 2023 prévoit une hausse magistrale de 100 millions d’euros afin de passer de 1.3 à 1.4 milliard d’euros. Y-a-t-il vraiment un pilote dans l’avion ?

Hausses budgétaires par postes

Hausses prévues dans le projet de loi de finances 2023, triées par montants allouées supplémentaires en 2023.

PostesMontants supplémentaires alloués en 2023 (en milliards d’euros)Total budget 2023 (en milliards d’euros)
Travail +6.7 30.7
Education Nationale +3.6 60.2
Défense +3.0 43.9
Solidarités +2.1 29.7
Ecologie +1.9 26.8
Recherche +1.5 30.8
Intérieur/Sécurité +1.4 16.1
Cohésion des territoires +0.9 18.9
Agriculture +0.5 3.6
Aide publique au développement +0.8 6.6
Justice +0.7 9.6
Outre-mer +0.3 2.7
Economie +0.3 7.8
Affaires étrangères +0.2 3.1
Régimes sociaux & retraites +0.2 6.3
Culture +0.2 3.5
Sport +0.1 2.0
Santé +0.1 1.4

Le budget Travail bondit de 6,7 milliards et représente désormais le troisième poste de dépenses de l’Etat. L’exercice 2023 se révèle également généreux pour l’Education nationale (+3,6 milliards, soit +6,3 %) tandis que la loi de programmation pour la recherche produit quelques effets (1,5 milliard, soit une hausse de 5,1 %). Enfin l’aide publique au développement bénéficie aussi d’un coup de pouce conséquent (800 millions, soit +13,8 %). Le ministère de l’Ecologie est doté de 1,9 milliard supplémentaire (+7,6 %) et l’Agriculture de 500 millions (+15,6 %). Pour le régalien, la Défense a droit aux 3 milliards supplémentaires que lui prévoyait sa loi de programmation - alors que les militaires craignaient des coupes - et la mission Sécurité engagera 1,4 milliard en plus (+9,5 %).

Déficit à 5% du PIB visé en 2023

Dès juillet, Bercy avait prévenu - dans le programme de stabilité envoyé à Bruxelles - qu’il ne fallait pas s’attendre à un reflux du déficit public l’an prochain : celui-ci est attendu à 5 % du PIB, soit le même niveau que celui espéré pour 2022. Pour l’Etat et ses agences - une des composantes des administrations publiques, avec la Sécurité sociale et les collectivités locales -, c’est même une légère dégradation des comptes qui est anticipée, à -5,6 % du PIB contre -5,5 % cette année. Le vrai redressement pour le solde des administrations centrales (avec un reflux encore limité à -5 %) n’est en réalité pas attendu avant 2025.

Chasse aux niches fiscales ? Une arlésienne...

En France, on se sait pas détricoter les niches fiscales, parfois très alambiquées. Pour preuve, les multiples promesses successives d’aller chercher 10 milliards d’euros d’économies du côté des niches fiscale se sont toutes soldées par un cuisant échec. Bruno Le Maire s’était déjà attaqué aux niches fiscales, la dernière tentative en 2019 s’étant avérée chiche en résultats. « L’expérience montre la difficulté de mise en œuvre leur suppression », avait d’ailleurs constaté il y a quelques jours le Haut Conseil des finances publiques, dans l’avis très critique rendu sur les prévisions budgétaires de l’exécutif.

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